Les brèves de L'oeil

Publié le par Média critique

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Zoom sur : les élections présidentielles françaises

 

                Dimanche, pour la dixième fois de son histoire, la France de la Vème République votera au premier tour d’une élection présidentielle. C’est un scrutin important pour l’UE, que le pays a cofondée.

Comme nous l’avons fait chaque semaine ce semestre, ces dix candidats se sont essayés à la proposition mais pour une fois, ce journal se contente de rapporter leurs propos et de vous inviter à exercer votre esprit critique.

Alors quelle Europe pour quel candidat ? Petit tour d’horizon.

 

è Natalie Arthaud (Lutte Ouvrière)[1]

1% des intentions de vote au premier tour selon le CSA[2]

La candidate considère que la production ou la répartition des richesses, les problèmes énergétiques et environnementaux doivent trouver une solution à l’échelle internationale. Elle se positionne pour la libre circulation des personnes et une unité européenne.

En revanche, elle considère que l’Union Européenne, créée pour « un marché dans lequel la concurrence est libre et non faussée », n’est pas celle des peuples et des travailleurs et doit cesser d’être un pare-à-vent pour les gouvernements des grandes puissances européennes imposant des mesures impopulaires.

 

è François Bayrou (MOuvement DEMocrate)[3]

10,5% des intentions de vote selon le CSA

Le candidat est favorable à l’UE. Il souhaite initier un nouvel élan européen en dotant l’UE d’un président élu au suffrage universel, d’un couple franco-allemand moins dominateur et d’une vraie politique européenne de la défense.

Sur le plan économique, il désire autoriser la BCE à intervenir dans le refinancement des dettes étatiques en contrepartie de la remise en ordre de leurs finances, créer une agence de notation européenne, soumettre les comptes publics des Etats à la Cour des comptes européenne et doter l’UE d’une stratégie de relance à laquelle 10% des fonds européens seront affectés. Par ailleurs, il veut instaurer les project bonds.

 

è Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès)[4]

Moins de 0,5% des intentions de vote selon le CSA

« L’Europe ne doit plus être le cheval de Troie de la mondialisation financière, de la City et de Wall Street, mais une locomotive de la reprise mondiale. »

Le candidat s’oppose au système économique post-1971. Il souhaite créer un « nouveau Bretton Woods » pour empêcher la spéculation sur les monnaies et assurer leur stabilité. De plus, il souhaite créer des euros nationaux au lieu de l’euro unique. Il veut que les Etats européens (et autres) voient leurs « dettes illégitimes » effacées.

Si l’UE refusait de suivre la France, il propose l’application de l’article 16 et, pour protéger les intérêts vitaux du pays, la réquisition et l’emprunt auprès de la Banque de France, la prise de contrôle temporaire des banques privées et sociétés d’assurances, l’impression d’un « franc polytechnique » (dont la valeur viendra de la recherche, des équipements et des technologies de pointe), la relance de l’industrie et de l’agriculture françaises par une dévaluation (de 25%) ainsi que le blocage des prix et des salaires (pendant trois mois.)

 

è Nicolas Dupond-Aignan (Debout la République)[5]

1,5% des intentions de vote selon le CSA

Le candidat désire « libérer la France de l’Europe des banquiers », qu’il accuse d’avoir fait perdre à la France un million d’emplois industriels depuis 2000 et atteindre les cinquante milliards d’euros d’intérêt d’emprunt par an.

Il souhaite favoriser les produits fabriqués en France dans les achats publics, en finir avec l’Europe bureaucratique pour passer à une Europe des Nations à la carte autour de projets concrets comme Airbus ou Ariane (et pour cela dénoncer et renégocier tous les traités européens actuels « illégitimes », supprimer « toutes les structures relevant de l’inspiration fédérale anti-démocratique » comme la Commission ou la BCE.)

Il veut permettre à la France de financer les investissements d’avenir auprès de la Banque de France avec des prêts à 0%, estimant inacceptable le mécanisme actuel qui consiste à emprunter aux banques privées de l’argent emprunté auprès de la BCE.

 

è François Hollande (Parti Socialiste)[6]

28% des intentions de vote selon le CSA

Le candidat se déclare favorable à une « Europe unie et solidaire, ayant pour objectifs l’emploi et la croissance et qui ne se laisse pas dominer par la finance. »

Il reproche au dernier traité européen de décembre 2011 de mettre l’accent sur la discipline budgétaire sans favoriser l’emploi et la croissance, sens dans lequel il souhaite le renégocier. Il désire réorienter la BCE dans ce sens et se propose de conclure un nouveau traité franco-allemand dans l’optique de créer des euro-bonds.

Il déclare défendre un budget européen 2012-2020 pour les grands projets d’avenir, de technologies vertes ou de transports.

Il propose une nouvelle politique commerciale freinant toute concurrence déloyale et fixant des règles de réciprocité sociale et environnementale, notamment une contribution climat-énergie aux frontières européennes.

Dans le cadre du G20, il souhaite instaurer un nouvel ordre monétaire où la parité de l’euro vis-à-vis du dollar et du yuan serait plus équilibrée.

 

è Eva Joly (Europe écologie les Verts)[7]

2% des intentions de vote selon le CSA

La candidate souhaite signer un traité fédéral européen de solidarité à Athènes pour créer un véritable budget européen, mutualiser une partie des dettes des Etats et lancer des investissements massifs dans l’économie verte.

L’impôt sur les entreprises et le capital serait harmonisé pour éviter les délocalisations fiscales, une taxe sur les transactions financières serait instaurée. Les produits entrant sur le marché commun devraient respecter les normes environnementales et les normes sociales internationales de l’Organisation Internationale du Travail.

Les questions européennes seraient confiées à un « Vice-Premier ministre chargé des questions européennes », le Parlement aurait un contrôle renforcé sur son action.

Au lieu du pacte de stabilité, la candidate propose un « Pacte de développement écologique et social » comportant un plan d’investissement dans la transition écologique soutenu par la BCE et la mise en place d’une Communauté européenne des énergies renouvelables.

La France lancerait un nouveau processus constituant pour une UE fédéraliste, la Constitution serait ratifiée par un référendum européen.  

 

è Marine Le Pen (Front National) [8]

16% des intentions de vote selon le CSA

La candidate se déclare peu favorable à l’Union Européenne, estimant que « depuis son origine [celle-ci] s’est largement faite sans ou même contre les peuples européens »

Dans le cadre de l’article 50 du Traité de l’Union Européenne, elle souhaite renégocier les traités européens et restaurer la souveraineté nationale dans tous les domaines où elle l’estime disparue, sous l’autorité d’un « ministère des Souverainetés ».

Après quoi, la France devrait retrouver la maitrise de ses frontières, de préférence au sein d’une association libre d’Etats européens partageant sa vision et ses intérêts en matière d’immigration, d’échanges extérieurs ou de circulation des capitaux.

Elle veut également que la France retrouve la maitrise de sa monnaie, cesse de contribuer au budget européen et lance de grands projets européens innovants sur le modèle d’Ariane ou d’Airbus.

 

è Jean-Luc Mélanchon (Front de gauche)[9]

14,5% des intentions de vote selon le CSA

Le candidat se déclare opposé à « l’Europe libérale ».

Il souhaite qu’un référendum ait lieu sur le traité de décembre 2011 et que la France s’affranchisse du traité de Lisbonne. Il s’oppose à l’indépendance de la BCE.

Il refuse également que certaines directives européennes soient appliquées, comme la directive Bolkestein, les directives en matière de libéralisation des services publics, de libre circulation des capitaux et marchandises.

De plus, il souhaite qu’on impose une taxe kilométrique sur les importations aux frontières.

 

è Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste)[10]

1,5% des intentions de vote selon le CSA

Le candidat se déclare favorable à l’Europe mais dénonce la faillite de ce qu’il qualifie d’Europe « de Lisbonne », « capitaliste et libérale ».

Il souhaite rompre avec les traités libéraux, les lois et mesures « de régression sociale imposées dans tous les pays européens ».

Il en appelle à une Europe démocratique où chaque peuple a le droit à sa langue, sa culture et ses institutions, une Europe écologique, unie, des travailleurs où la production et les échanges soient planifiés dans le souci de préserver la nature et l’environnement, une Europe de l’égalité absolue entre les hommes et les femmes où les étrangers aient le droit au sol, où les sans-papiers soient régularisés et bénéficient des mêmes droits sociaux et politiques que les autres.

 

è Nicolas Sarkozy (Union pour un Mouvement Populaire)[11]

25% des intentions de vote selon le CSA

Ce candidat est également l’actuel Président de la République Française.

Il se déclare favorable à « une Europe qui protège ».

Il s’engage à atteindre l’équilibre des comptes publics français d’ici 2016.

Il exige la réciprocité dans les échanges commerciaux entre l’Europe et le reste du monde, la France réservant seule ses marchés publics aux entreprises européennes si les négociations n’ont pas abouti en un an. Il veut réserver une partie des commandes publiques aux PME européennes.

Il exige un meilleur contrôle aux frontières européennes, s’engageant à ce que la France rétablisse des contrôles ciblés à ses frontières si ce n’est pas fait d’ici un an.

 

NB :

Ni L’œil de l’Europe, ni l’auteur de l’article ne prétendent avoir procédé à un décryptage exhaustif du programme de chaque candidat. Nous nous sommes contentés de relever les points les plus saillants en matière d’UE, et ce dans un objectif de bonne compréhension.

Aucun manque d’objectivité ne peut nous être reproché, nous avons chaque fois cité nos sources. Les passages entre guillemets sont issus directement de la rhétorique de chaque candidat.

Nous nous sommes efforcés de donner un juste aperçu de chaque point de vue et nous excusons par avance de certains propos qu’il était de notre devoir de rapporter mais qui n’étaient pas de notre goût.

Les estimations du CSA sont par nature sujettes à ajustement et nous ne les rapportons qu’à titre indicatif.

 

Amélie Deleuze

 

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L’Europe, la crise et les élections françaises



[7]http://evajoly2012.fr/le-projet/[consulté le 20.04.2012.]

[9]http://www.placeaupeuple2012.fr/[consulté le 20.04.2012.]

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