L'aide publique au développement dans l'étude des RI
Afin de compléter l'étude sur l'aide publique au développement, le Royaume-Uni propose de rappeler la perception de l'APD selon différents courants étudiant les relations internationales.
Le but est d'apporter des réponses aux interrogations suivantes: pourquoi les États financent l'Aide publique au développement ? Pourquoi d'autres États acceptent d'en bénéficier?
• La théorie néoréaliste → la recherche de la puissance
La scène internationale est marquée par un conflit généralisé (implicite ou déclaré). Chaque Etat cherche à maximiser sa puissance. L'APD serait un instrument d'influence donc de puissance. Durant la Guerre Froide, voire encore aujourd'hui, l'APD permettrait de s'attacher des votes au sein du Conseil de Sécurité de l'ONU, plus largement elle favorise les alliances. Pour les bénéficiaires cette aide n'est autre qu'une rétribution de leur alliance stratégique.
Cette vision fut notamment adoptée par le Général De Gaulle qui écrivait dans ses mémoires « Pour éviter qu'une influence étrangère [américaine ou soviétique] ne se substitue à celle de la France, pour que les peuples africains parlent notre langue et partagent notre culture, nous devions les aider ».
• La théorie marxiste → l'exploitation capitaliste
Le monde serait structuré par 2 conflits: celui des capitalistes contre les prolétaires et celui des capitalistes entre eux. Il importe de noter que les États ne sont que le reflet des classes sociales.
Wallerstein divisa le monde en 3 groupes:
– un cœur capitaliste regroupant les États les plus puissants
– une semi-périphérie comprenant les États capitalistes qualifiés de 2nd rang
– une périphérie prolétaire ou le Tiers-Monde
Il associe la problématique de l'exploitation (du Sud par le Nord) à la lutte pour la domination présente chez Marx.
Donc l'APD financée par un pays capitaliste se caractérise par une double finalité c'est-à-dire l'exploitation de la périphérie et assurer un gain de puissance. Cette double fin est également celle du colonialisme dans la théorie marxiste.
Inversement, pour un pays en développement l'aide serait « un piège », une intrusion impérialiste, un outil d'aliénation permettant aux pays donateurs de maintenir les bénéficiaires dans un système de dépendance par l'intermédiaire des classes dominantes locales notamment.
• La théorie libérale → la poursuite d'intérêts privés
Une politique publique ne peut voir le jour que si une partie, un segment de la société en bénéficie. Leur mise en place sont donc soumise à des groupes d'intérêt en concurrence. L'APD est pour les donateurs un flux publics qui bénéficiera à des agents privés. On vise l'ouverture des marchés en s'assurant que les citoyens des États bénéficiaires deviennent solvables.
• La théorie néolibérale → la recherche du bien-être matériel
Chaque État souhaite accroître son bien-être matériel d'où la mise en place de coopérations mutuellement et matériellement bénéfiques. Les donateurs perçoivent alors l'APD comme un investissement d'intérêt commun. Les « pays pauvres » d'aujourd'hui seront les clients de demain et aussi des partenaires dans les gestion des problèmes internationaux.
• Une théorie idéaliste, moraliste → un accomplissement moral
On vise un idéal moral: une aide désintéressé notamment en raison de l'éthique des dirigeants, des valeurs sociales, les préférences des électeurs, la pression de la société civile... les États sont sensibles aux considérations morales. Les donateurs visent un accomplissement moral et les bénéficiaires acceptent cette aide en raison des solidarités.
Bibliographie pour le présent article et la proposition:
– L'Aide publique au développement, Olivier CHARNOZ, Jean-Michel SEVERINO, La Découverte, pp.122
– L'Aide Européenne au développement, Corinne Balleix, La Documentation Française, novembre 2010, pp. 220
– Cours d'Introduction aux Relations Internationales, Thomas Meszaros, 1ère année licence droit-science po, 2010-2011, Université Jean Moulin Lyon III
– http://ec.europa.eu/europeaid/index_fr.htm