Réaction violente de la Suède - Les médias se prennent un carton rouge

Publié le par PPI - 2012

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Au lendemain de leur deuxième séance du conseil de l’Union européenne, le Dagens Nyheter est partie à la rencontre des deux ministres de la Suède pour tenter de comprendre pourquoi ils n'ont pas participé au débat d'hier et surtout pourquoi avoir boycotté un amendement dont ils étaient signataires ?

 

            Nos deux représentants gouvernementaux estiment avoir été victimes de propos diffamatoires. Ils considèrent que l'organe de presse ''critique'' a publié des appréciations infondées sur la prestation publique de la Suède au Conseil de l'Union Européenne, le mercredi 29 février. Les ministres suédois reprochent à Éloïse Nicaise d'avoir utilisé des déclarations «off» à des fins d'instrumentalisation politique.

            L'indignation a remplacé la colère chez nos ministres européens mais la Suède veut servir d'exemple pour que les autres États ne connaissent pas -à l'avenir- le même désagrément : «Il est regrettable de s'apercevoir que nos médias sont encore très attachés à une vision bipolaire de l'Europe. Que la journaliste puisse développer dans ses articles une métaphore filée sous l'axiome de l'hypocrisie, c'est son métier et son droit le plus absolu au nom de la liberté d'expression. En revanche, il est inacceptable qu'Éloïse Nicaise outre-passe ses droits lorsqu'elle déguise nos interventions publiques en ''radicalisme européo-centré'' ou lorsqu'elle agite l'épouvantail de l'élitisme universitaire européen.»

            En effet, la résolution austro-slovène sur les marchés publics de prestation intellectuelle a soulevé un débat des plus intéressants. Même si les représentants suédois étaient en désaccord avec la résolution initiale, l'amendement proposé par nos ministres avait vocation à éclaircir les zones d'ombre de la résolution et surtout à mettre en place des échéances afin de supprimer les disparités  d'un système universitaire à deux vitesses. C'est avec un brin de cynisme que l'un des représentants suédois ajoute : «Si pour la critique ignorer que l’Europe dispose d’université à double vitesse recouvre d’une vision européo-centrée des choses, et que pointer le débat sur ce sujet est radical, alors c’est avec une certaine fierté que nous reconnaissons notre radicalisme européo-centré face à cette manifestation de mauvaise foi.»

 

            Il est essentiel de rappeler que la séance de ce Conseil de l'Union Européenne était un ''coup d'essai'' et que, par conséquent, les défauts (louables) dans la gestion du temps et la connaissance procédurale ont été un facteur déterminant dans le manque de clarté de l'amendement suédois et du quiproquo engendré par cette démarche.

            Le fait de n'avoir pas mis en valeur le réel enjeu des débats, c'est-à-dire penser l'avenir européen comme futur berceau d'une expertise mondiale performante, ne rend pas hommage au travail du critique et a fortiori encore moins au passionnant métier qu'est celui de journaliste. Une double lecture peut être faite du travail de critique : cet article veut créer chez les États la tentation de sombrer dans une dérive idéologique relative à une période sombre de notre vieux continent, celle de la Guerre Froide.

 

            «Nous regrettons que le travail de la journaliste ce soit borné à une analyse subjective sur des détails de procédure alors que l'objet des débats méritait, sans aucun doute, une chronique d'expertise plus professionnelle.» Les deux diplomates ne préfèrent pas revenir sur la motion de caucus puisqu'ils estiment que, dans la mesure où l'amendement hongrois a été adopté, le corps suédois a participé indirectement à une résolution consensuelle.

            Enfin, la Suède veut rappeler aux  États et aux médias que le respect des principes déontologiques est un gage de qualité pour les débats aussi bien à l'intérieur qu'en dehors de l'hémicycle et que la possession d'une carte de presse doit être indissociable d'une éthique journalistique.


            Nos représentants gouvernementaux souhaitent s'excuser et justifier leur non-participation lors de la deuxième séance : «Étant donné que, dans notre pays, 44,4% de la consommation totale provient des énergies renouvelables, le thème abordé par la résolution d'hier était particulièrement susceptible de nous intéresser. La Suède tient donc à s'excuser auprès des ministres roumains, hongrois et polonais. Nous regrettons de ne pas avoir participé à ce débat de grande qualité pour lequel nous aurions pu humblement faire des propositions. Nous présentons également des excuses à l'Allemagne avec qui nous nous étions engagés à soutenir leur amendement. Il est regrettable de constater qu'un travail journalistique, de par ses excès, puisse avoir un effet direct et défavorable au bon fonctionnement de notre jeune institution. C'est pourquoi nous adressons également des excuses auprès du Président et Vice-président du Conseil de l'Union Européenne.

 

            Les ministres suédois concluent cet entretien de manière très explicite : «Nous voulons rappeler à Éloïse Nicaise que, quand bien même cette première réunion ait démarré sur ''les chapeaux de roue'', ni la Suède ni les autres États participeront à la course vers le bas que les organes de presse veulent organiser».

 

 

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E
<br /> Je tiens à réagir aux propos de cet article suédois qui m'accuse de ne pas faire mon travail de journaliste.<br /> <br /> <br /> Tout d'abord le fait de tenir un jugement fait justement partie des fonctions que doit remplir un journal critique.Il n'était pas dans mon intention de me montrer insultante mais seulement de<br /> faire naître un débat hors de l'hémicycle.<br /> <br /> <br /> Ensuite s'agissant des propos diffamatoires que j'auraient tenu, je ne saurais me laisser accuser à tord : en effet en aucun cas je ne me serait permise de mentir dans le but de porter à la<br /> réputation de la Suède en particulier et à l'Union Européenne de manière plus large. Tout ce que je peux écrire dans mes articles ne sont que des paroles stricement rapportées.<br /> <br /> <br /> Pour finir je rappelle que cette toute première séance était également la première pour moi et qu'il m'était difficile de remplir à la perfection les obligations et attentes dûes à un média<br /> critique. Je ferais en sorte de m'améliorer pour la suite des assemblées. De même j'aimerais que mes homologues officiels de chacun des Etats restent modérés dans leur critique, critique que je<br /> suis prête et heureuse d'accueillir en ces conditions.<br />
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